2018 Ferrari 812 Superfast

Ses concepteurs la comparent souvent à la ferrari 812 Superfast mais la nouvelle DBS Superleggera a-t-elle vraiment la carrure pour affronter un tel monument?

epuis 2016, aston Martin est embarqué dans un plan ambitieux qui doit l’amener à présenter sept nouveautés en sept ans. la DBS Superleggera censée remplacer la vanquish S est déjà le troisième modèle à être lancé après la DB11 et la vantage. Dans les faits, on peut la voir comme une version extrême de la DB11 v12 qui se positionne sur le segment des grandes gt. De fait, les gens d’aston Martin qualifient cette DBS de Super gt et la placent directement en face de la ferrari 812 Superfast qui est effectivement l’unique autre grande gt propulsion à moteur v12 avant du marché. Mais ne seraient-ils pas un peu trop enthousiastes?


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Sur la fiche technique, déjà, les chiffres sont loin d’égaler ceux de la ferrari (800 ch à 8 500 tr/mn). toutefois, pour une aston Martin les 725 ch extraits du v12 5,2 litres biturbo à 6500 tr/mn impressionnent, mais peut-être moins que les 900 nm de couple disponibles dès 1 800 tr/mn. c’est cette valeur qui illustre le mieux la différence de philosophie des deux autos puisque la ferrari ne propose “que” 718 nm à… 7000 tr/mn. la transmission est également totalement différente puisque la DBS adopte une boîte automatique Zf à 8 rapports contre une boîte double embrayage pour l’italienne. Bref, il n’est pas besoin d’aller plus loin, 812 et DBS sont très différentes. et d’ailleurs, si l’appellation de la ferrari (Superfast) se vérifie complètement, ce n’est pas tout à fait le cas pour celle de l’aston dont le qualificatif Superleggera se rapporte plus au passé qu’à sa masse totale qui atteint tout de même 1845 kg (1799 kg avec toutes les options d’allègement) ! en fait, ce nom évoque le carrossier italien touring qui a autrefois collaboré avec la marque et dont la construction des châssis selon la technique dite Superleggera a fait la réputation. la DBS qui se présente comme une DB11 radicale a quand même fait quelques efforts d’allègement pour justifier cette appellation et 80 % des panneaux de carrosserie sont convertis à la fibre de carbone, ce qui permet à la DBS de revendiquer un poids total en

baisse de 72 kg par rapport à la DB11 (25 kg pour la seule carrosserie). pas de quoi non plus sauter au plafond et avoir la sensation de se retrouver au volant d’une elise, d’autant plus que la ferrari affiche 1630 kg. Mais on a dit qu’il fallait arrêter les comparaisons…

Si sur photo, on peut lui trouver un look assez proche de celui de la DB11, une fois debout face à elle on perçoit vite les différences. plus Schwarzy que Statham, la DBS Superleggera est plus… condensée, plus râblée, plus trapue, plus musclée. et son long capot percé, une fois relevé, laisse apparaître ce v12 très reculé qui participe à une répartition des masses idéales de 51/49. ce moteur est la pièce maîtresse de la DBS car, à bord, l’ambiance coursifiée grâce à l’emploi d’alcantara et de carbone reste proche de celle de la DB11 dont on rappelle que l’interface provient de chez Mercedes. Dès le bouton start pressé (je reste inconsolable de la disparition de la clé en verre), le ton est donné. ou plutôt la tonalité. l’échappement spécifique fait dans le viril et l’expressif, c’est raccord avec son physique de pitbull en tee-shirt lycra xxS couleur Satin xenon grey pour notre modèle d’essai. ce qui est également raccord, c’est le torrent de couple qui déferle sur le seul train arrière au moindre effleurement de la pédale d’accélérateur. et comme la météo autrichienne nous gratifie aujourd’hui d’une journée plus qu’humide, cette réalité est sacrément augmentée. Dès la sortie de l’hôtel, se présente un camion que je m’emploie à dépasser en tombant un rapport sur la boîte automatique Zf et en prenant soin de ne pas écraser la pédale de droite de plus d’un quart de sa course. et comme je suis vraiment prudent (la DBS est affichée à plus de 277000 euros quand même), l’eSp qui offre trois modes, gt, Sport et off, est resté réglé sur celui qui offre le plus de sécurité.


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Malgré toutes ces précautions, arrivé à hauteur du 38 tonnes sur une voie de gauche pas forcément très large, la DBS me gratifie d’une violente ruade sur le bitume détrempé ! chaleur dans l’habitacle… au contraire probablement des pirelli spécifiques. le problème est que les pneus ne chaufferont jamais et qu’à chaque accélération il va falloir jouer pied de velours. intimidante, l’anglaise. toutefois, pour aller vite en DBS Superleggera, pas besoin d’écraser l’accélérateur. l’aston est de ces autos qui sans dépasser 4000 tr/mn vous transportent à des vitesses hautement répréhensibles sans jamais être effrayantes. Son amortissement piloté à trois modes (gt, Sport et Sport+), réglable indépendamment du moteur et de la boîte, conserve une souplesse parfaitement cohérente avec son statut de gt. le taux de roulis se situe entre ceux de la DB11 et de la vantage. De plus, ses disques carbone- céramique de 410 et 360 mm rassurent par leur efficacité et leur mordant tandis que la direction assez consistante et précise vous permet de suivre les ondulations du tracé sans forcer. en fait, il n’y a vraiment que lorsque vous jetez un œil au compteur de vitesse qui propose trois affichages différents selon les modes, que votre cœur s’emballe et votre niveau de stress augmente subitement. par chance, une petite éclaircie de fin de journée va me permettre d’entrevoir une autre facette de cette DBS. lorsque le grip est suffisant pour que la motricité en ligne droite revienne et que la peur de perdre l’avant dans une entrée de courbe mal jugée disparaisse (on frise tout de même les deux tonnes avec deux passagers à bord), il est possible de forcer un peu le rythme. une belle route de col à péage, donc quasi déserte, me fait découvrir que le v12 biturbo n’atteint jamais les 7000 tr/mn, qu’en Manuel le rapport ne passe pas automatiquement à la zone rouge (c’est bien), que les palettes sont parfaites et que la boîte automatique continue à assurer même en attaquant. en mode Sport+, elle s’amuse d’ailleurs à donner un petit à-coup histoire de procurer quelques sensations. une fois passé les 4500 tr/mn, un bruit de pompe à huile commence à couvrir celui des turbos, ça n’est pas spécialement mélodieux mais cela indique par contre que le bloc est (enfin) sollicité.

l’auto qui avait tendance à “lire la route” en ligne droite dévoile maintenant un sacré tranchant en entrée de courbe. on perçoit nettement des vagues de couple, pas toujours de même intensité, qui déferlent quand on tire les rapports. cela n’est pas très linéaire, mais c’est assez impressionnant. renseignements pris, l’abondance du couple a rendu nécessaire une gestion fine de sa délivrance aux roues arrière et effectivement, selon le mode choisi, l’accélération et plus volubile, plus frissonnante. Malgré son nom, la DBS Superleggera est à ranger dans la catégorie des marteaux-pilons capable de se déplacer extrêmement vite sans effort. elle se rapproche plus par sa personnalité d’une ancienne Bentley continental gt Supersport (en plus dynamique certes) et on est en droit de se demander si son caractère par trop débordant sous la pluie ne serait finalement pas plus cohérent s’il embarquait une transmission intégrale. 900 nm, c’est énorme pour deux seules roues arrière. Même chaussées en pirelli p Zero de 21 pouces et 305 mm de large.

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