Mêmesisonderniertitremondial remonte à 2009, même s’il n’a toujourspasgagnécettesaison, mêmesilesannéespassent,même s’iln’estpastoujoursleplussympa, Valentino Rossi demeure la figure emblématiqueduMotoGP.EtàMisano commeailleurs,l’enfantdeTavullia continuedefairetournerlestêtes.
L ncejourdeGrandPrixdeSaint- Marin, le soleil n’est pas sorti depuisbienlongtempsdesflots del’Adriatiquequedesfilesde pèlerinssedéplacentdéjàvers la Mecque du circuit de Misano. En silence, tout de jaune vêtus, les tifosi de Valentino Rossi marchent religieusement vers les tribunesqu’ilsontréservéesdepuisdelongues semaines.Plusieursd’entreeux,casquette46 visséesurlecrâne,trimballentavecprécaution d’immensestifosconfectionnésàlagloire deleuridole.«Dèsquelesbilletsontétémis envente,nousavonsétéprisd’assaut,confie FlavioFratesi,chefd’orchestredufan-club delalégendedeTavullia.Les18000places quenousavionsréservéessontparties enquelquesjours.»EtlefaitqueValentino Rossin’aitplusgagnédepuis441jours ne change rien à l’affaire.
« La passion est toujours plus forte, assure Fratesi. EtpasseulementenItalie.»AuJapon, les2500placesallouéesaufan-clubsont partiesdèslemoisdemarsenl’espace dequaranteminutes.PourleGrandPrix deMalaisie,quiclôtureralatournéeoutre-mer dumoisd’octobre,cesont11500places qui ont été préemptées par le fan-club. Ilyadeuxans,onn’encomptaitque2500.
« Depuis que nous avons commencé à organisernosproprestribunes,nousavons toujours plus de demandes, souligne Fratesi. En Argentine, nous avons même récupéré unetribuneaudépartréservéeauxsupporters deMarquez.Étantvide,lesorganisateursnous l’ontconfiéeetnousavonspuainsipasser de six à sept mille places. » Cette folle passionpourValentinoRossienvahitchaque annéeTavulliaàl’approcheduGrandPrix de Saint-Marin. Dans la petite ruelle qui mène verslesiègedufan-club,onfaitlaqueuepour rejoindre les 15 000 personnes aujourd’hui encartées.Onpatienteaussidevantlapizzeria dunonuplechampiondumondepourdéjeuner entre passionnés, avant de s’offrir quelques souvenirsàlaboutiqueofficielle.Comme ce couple d’Allemands qui repart des paquetspleinlesbras.À73ans,Marcusne rateaucunGrandPrix.«Celafaitplusde vingtansquejesuissupporterdeVale,lâche- t-il crânement. Aujourd’hui, dans lafamille, il y a trois générations qui s’habillent en jaune ! »
«Valentino est notre Messie»
«Cettepériodeesttoujoursunpeudingue», souffle Fratesi en jonglant d’un rendez-vous àl’autre.Onestbienloindesdébutsde ce fan-club fondé en 1996 par une dizaine de copains du village dont Flavio et Rino Salucci,lepèred’Uccio.«Tavulliaaquand mêmetoujoursétéunlieudepassionpour lamotoetpourlacourse,reprendFratesi.
MonpèreFrancescoaétél’undespremiers pilotesaprèslaguerreetdanslesannées70, lafédérationitalienneavaitremisaumaire deTavulliaunemédailled’orcarnousétions levillagequicomptaitleplusdelicenciéspar rapportaunombred’habitants.Quandj’étais gamin,nousrêvionsd’avoirenfinunchampion etpourcela,nousallionsrégulièrementprier àl’église.ValentinoaéténotreMessie.» Messied’unetribu,idoledetoutunpeuple, Rossiapucommunieraveclessienscette annéedanssonjardindeMisano.L’an dernier,unefractureàlajambel’avaitcontraint à renoncer à son Grand Prix. Un souvenir douloureuxpourl’Italien.«Celaavaitété durdenepaspouvoircourirchezmoi,dit-il.
Même si c’est un week-end toujours un peu compliquédufaitdesnombreusessollicitations auxquellesjedoisrépondre,l’ambianceyest unique.»Etpuislapiste,Valentinolaconnaît commesapoche.C’estenfaitàMisanoqu’il aroulépourlapremièrefoisauguidond’une vraiemoto,enl’occurrenceune125Cagiva Mito.«J’avaisdouzeans,sesouvient-il. À l’époque, le tracé tournait encore dans l’autresens.J’avaisenfiléunvieuxcuirdemon père.J’étaistoutpetitetj’avaisdumalàposer mespiedsparterre.Lesouvenirquejegarde decejour-là,c’estd’avoirsucequej’allais fairedurestedemavie.»Avecsixpodiums – dont trois victoires – en onze apparitions sur la piste italienne depuis ses débuts en MotoGP, Valentino rêvait cette année secrètementd’unexploit.Unevictoire,outout aumoinsunpodium.Ilétaitmalheureusement loinducompte.Jamaisdanslecoup,lepilote Yamahaestpassésousledrapeauàdamier enseptièmeposition,àprèsdevingtsecondes du vainqueur. À l’arrivée, il semblait partagé entre frustration et résignation : « Chez moi, devant mon public, j’espérais un tout autre résultat. Surtout après les bons chronos réalisésenFP4,jepensaispouvoiraccrocher lepodium.Cematinaussi,auwarmup, nous étions pas mal. Malheureusement, la température de la piste a grimpé et nous avons retrouvé nos problèmes de grip à l’accélération.TouteslesYamahaontsouffert, Viñales, Zarco, moi… J’étais une seconde pluslentquelaveillealorsquelesconditions étaientsemblables.Cen’estpasnonplusune histoiredepneuscarnousavionsàpeuprès touschoisilesmedium.J’avouequej’aidumal àcomprendrepourquoinousensommeslà.» MalheureusementpourValentino,ilnesemble pas le seul dans ce cas chez Yamaha.